2006-08-29

Attaque Massive à l'Olympia

Ca fait toujours un peu peur d'aller voir un groupe devenu mytique dont on a perdu le fil tellement les premiers albums nous ont transpercés. Mais on y va quand même ne serait-ce que pour faire un peu partie de l'Histoire !
Déjà, le fait qu'ils jouent à l'Olympia, à la Cigale puis au Bataclan plutôt qu'à Bercy, c'est très classe (à ce propos, on dit que Prince pourrait faire 12 concerts dans 12 salles différentes de Paris. Ce serait vraiment royal ...).

Pendant qu'un DJ nous mixe de travers quelques titres pour nous faire patienter (dont le décidément super funkyp hop "House Quake" du pourpre monarque ... désolé !), je scrute la scène : deux batteries, un ampli basse, un autre pour la guitare, des claviers, 4 micros perche ... Ok ! On ne va pas sentir que les électrons en chaleur des machines dociles. Le swing devrait être au rendez-vous. Ce petit rien qui fait que deux notes ne sont jamais tout à fait les mêmes, comme deux feuilles d'un arbre.
Les néons s'éteignent et font place au merveilleux éclairagiste qui nous éblouit les mirettes avec son jouet fabuleux : une espèce d'équaliser géant posté derrière la scène dont chaque diode varie en couleur et en intensité, formant ainsi un écran géant envoûtant. Les motifs sont particulièrement originaux. L'espace se transforme et l'atmosphère musicale nous plonge dans une cellule feutrée aux pulsations organiques. Les deux maîtres de la baguette donnent dans la finesse du côté du charleston, de la caisse claire et des percussions, tout en appuyant un beat rock qui donne la nouvelle humeur du groupe. La guitare crie. La basse redouble de rythme. Le ton monte dans la plupart des titres, y compris ceux que nous connaissons apaisants, protecteurs. Drôle d'odeur en 2006 : c'est l'état d'urgence. Des guerres honteuses, une planète qui surchauffe : ils sont en colère et nous le font savoir en déroulant sur l'écran les chiffres scandaleux des crimes d'Irak.
On aimerait cependant que la matière soit un peu moins polissée, plus à l'image de notre monde imparfait. Mais c'est comme ça, l'école de Bristol taquine du potar magistralement : le son est impeccable ! Puissant et riche en détails. Un laboratoire trip-hop maintenant très élaboré qui peut parfois se prendre un peu pour Pink Floyd quand 3D pose sa prose en maître de cérémonie. Alors Horace Andy s'approche du micro et le chant se fait fragile, comme si en ces temps menaçants il renfermait la matière où palpitent les origines.
--> Massive Attack

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